VIII
Le Panier D’âmes

 

Qu’est-ce que vous croyez chercher ? » demanda Honoré. Ils avaient passé la journée écrasante de chaleur sur les quais et dégoulinaient de sueur.

L’après-midi tirait à sa fin sans donner le moindre signe de rafraîchissement.

« Des âmes, dit Calvin. Plus exactement un vol d’âmes. »

Ils se tenaient dans l’ombre chiche d’une pile de caisses vides et suivaient des yeux un bateau nouvellement arrivé qu’on amarrait à quai. Honoré était grincheux. « Si la transaction que j’ai vue sur les quais a un rapport avec des flammes de vie manquantes – et qui ne sont pas des âmes telles que les décrivent les prêtres – ce n’est pas du vol. Les poupées ont été données librement.

Des fois, l’vol, ça ressemble pas à du vol. Et s’ils croient les prêter mais qu’ils peuvent pas les récupérer, hein ? Qu’esse vous en dites ?

— Et si vous étiez en train de nous entraîner vers un danger ? Vous y avez pensé, à cela ? »

Calvin sourit « On peut pas nous faire du mal.

— Cette affirmation est si manifestement fausse qu’elle ne mérite pas que j’y réponde, dit Honoré.

— J’ai pas l’impression que vous comprenez de quoi je suis capable », fit Calvin.

Une passerelle fut hissée du quai jusqu’à une ouverture dans le plat-bord du bateau.

« L’équipage m’a l’air menaçant, vous ne trouvez pas ? Des Portugais peut-être ?

— Si j’décide qu’on nous fera pas d’mal, ni à vous ni à moi, ça risque pas d’arriver, dit Calvin.

— Oh, vous lisez donc dans les pensées comme votre belle-sœur ?

— Pas besoin d’lire dans les pensées quand on peut dissoudre un couteau dans la main d’un agresseur.

— Mais, monsieur le génie, on ne voit pas toujours les couteaux à l’avance.

— Moi, j’les vois.

— Rien ne vous surprend jamais ? »

Avant que Calvin ait eu le temps de prononcer le mot « rien », Honoré lui abattit une claque derrière la tête. Calvin tituba en avant et pivota d’un bloc en se tenant la nuque. « Ça prouve quoi, merde, d’après vous ?

— Ça prouve qu’on peut vous faire du mal.

— Non, ça prouve qu’on peut pas vous faire confiance.

— Vous voyez où je veux en venir ? C’est quand vous vous croyez à l’abri que vous êtes le plus vulnérable. Et comme vous êtes assez bête pour vous croire tout le temps à l’abri, vous êtes tout le temps vulnérable. »

Les yeux de Calvin se réduisirent à deux fentes étroites. « Je m’suis pas senti tout l’temps à l’abri, je m’suis senti à l’abri avec vous.

— Mais ces temps-ci nous sommes tout le temps ensemble. » Honoré sourit encore. « Vous êtes à l’abri de moi. Je ne suis pas l’heureux possesseur d’un talent commode, je ne porte pas d’arme et je suis trop occupé à étudier l’humanité pour me soucier de nuire à quiconque. Mais être à l’abri de moi ne signifie pas que vous soyez à l’abri avec moi.

— Me faites pas la leçon, espèce de pet français.

— Vous me faites trop d’honneur. L’ail, le vin, la soupe à l’oignon, le fromage odorant, tout concourt à faire du pet français le meilleur du monde. Voltaire l’a dit. »

Ce qui ne fit pas rire Calvin. « Regardez, dit-il. Regardez cet esclave. L’a rien à faire.

— Vous avez l’œil perçant. Il attend.

— C’est votre homme ?

— J’observe ce que font les hommes. Je ne me prétends pas capable d’affirmer si deux hommes vus de loin, l’un de dos et l’autre de face, tous deux vêtus d’une tenue identique à celle de la moitié des esclaves de Camelot, sont en fait le même homme.

— Vous dites que c’est lui ? »

Honoré soupira. « Je dis que je ne peux pas l’affirmer.

— Alors dites-le. Vous lancez pas dans des discours embrouillés. »

Honoré l’ignora. Le pas chancelant, les yeux plissés, l’échine courbée, le regard aux aguets, les premiers Noirs apparaissaient sur le pont. « C’est bel et bien un bateau négrier.

— Ben, ça, on avait deviné, dit Calvin.

— Comme nous avions aussi deviné pour trois autres bateaux aujourd’hui qui n’avaient aucun esclave à bord.

— On avait deviné à cause des Blancs sus l’pont qu’ont des bâtons rembourrés. Ils en auraient pas b’soin pour charger des cageots.

— Ce que j’aimerais être aussi malin que vous », fit Honoré.

Le Noir qu’ils avaient remarqué précédemment – peut-être celui qu’Honoré avait vu prendre des poupées mais ce n’était pas sûr – s’avança muni de deux seaux d’eau et d’un panier. La tête baissée afin de ne pas croiser le regard d’aucun débardeur blanc, il dit quelques mots au contremaître qui le dirigea du geste vers le pied de la passerelle.

« Non, espèce de crétin d’nègre ! » La voix du contremaître porta distinctement jusqu’au poste d’observation de Calvin et Honoré. « Va t’mettre là-bas ! Si tu commences à les refouler sur la passerelle, ils vont s’bousculer et tomber à l’eau ! Abruti, abruti, abruti. » La liste d’« abrutis » à peine terminée, le Noir chargé de ses seaux, l’échine courbée et la tête toujours basse, avait gagné le poste qu’on lui indiquait du doigt.

« Il savait, dit Honoré.

— Quoi donc ?

— Il savait où aller. Il s’y dirigeait déjà avant que l’autre lui désigne sa place.

— Pourquoi il voudrait mettre le contremaître en colère ?

— Il lui a fait croire qu’il était bête.

— Le contremaître a cru dès le début qu’il était bête. Les genses trouvent tous les Noirs bêtes.

— Ah oui ? fit Honoré. Alors ils en trouvent certains plus bêtes que d’autres. »

Les premiers esclaves, entravés et liés entre eux par des chaînes aux chevilles, descendirent la passerelle en titubant dans un cliquetis métallique puis se dirigèrent tout droit vers les seaux d’eau. Suivirent beaucoup d’éclaboussures ponctuées des jurons étouffés du porteur. Calvin se servit de sa bestiole pour aller voir de plus près. Pas de doute, chaque esclave remettait un petit objet fait de lambeaux de tissu, d’éclats de bois et de bouts de ferraille.

« C’est notre bonhomme, dit Calvin. Mais qu’est-ce qui vous a dit que c’étaient des poupées qu’ils donnaient ? demanda-t-il.

— Je n’ai bien vu qu’un seul objet. Il était plus gros que le reste. C’était une poupée.

— Mais pas les autres.

— C’est pourtant bien quelque chose, non ?

— Oh, pour ça oui, c’est quèque chose. J’aimerais bien leur demander quoi. Comment ils mettent du pouvoir dedans.

— Qu’est-ce que c’est, alors, si ce ne sont pas des poupées ?

— Rien. J’veux dire, ça ressemble à rien. Du tissu, d’la ficelle, du fil, du fer, du bois, des bouts d’ci et des bouts d’ça noués ensemble. Y en a pas deux pareils.

— Ah, je regrette le talent de votre belle-sœur.

— On trouvera vite.

— Mais n’est-ce pas ironique ? Nous avons passé la journée à guetter et attendre, nous avons découvert cet homme, mais nous n’avons toujours pas la moindre idée de ce qu’il fait, alors qu’elle, elle le sait déjà.

— Qu’est-ce qui vous fait croire ça ? demanda Calvin.

— Parce qu’elle voit dans sa flamme de vie. Elle nous a observés toute la journée, et dès l’instant où nous l’avons aperçu, elle a pu lui sauter dessus, regarder en lui et tout savoir.

— Merde, fit Calvin en observant Honoré d’un air contrarié, allez pas m’dire que vous sentez quand elle vous regarde.

— Je n’ai pas eu besoin de sentir. Je savais qu’elle le ferait parce qu’elle est curieuse. Qu’elle verrait dans nos flammes de vie que nous irions à la recherche de cet homme, qu’elle nous observerait. Évident.

— Pour vous.

— Pour moi, oui. Je suis la plus grande autorité au monde en matière de comportement humain.

— C’est vous qui l’dites.

— Mais, vous voyez, je suis le genre d’homme qui se croit toujours le meilleur au monde dans son domaine. Comme vous. C’est un de nos points communs. »

Calvin sourit. « Tout jusse.

— La seule différence entre nous, c’est que j’ai raison en ce qui me concerne. »

Les yeux de Calvin se plissèrent à nouveau. « Un d’ces jours, j’ferai pas semblant de croire que vous bêtisez quand vous dites des affaires pareilles.

— Comment me punirez-vous ? Vous vous arrangerez pour que je me réveille sous une haie avec un mal de tête carabiné et les vêtements trempés d’urine ? »

Les femmes descendaient à présent, nues jusqu’à la taille et attachées par des cordes plutôt que des chaînes, des cordes qui leur avaient tout de même irrité les poignets et les chevilles jusqu’au sang.

« Votre belle-sœur sait déjà le nom de ce porteur d’eau, où il habite et ce qu’il a mangé au petit-déjeuner, dit Honoré.

— Ouais, eh ben, nous autres aussi, on va pas tarder à connaître ça.

— Vous croyez qu’il ne remarquera pas que deux Blancs le suivent ? »

Calvin eut un sourire mauvais. « Comme j’ai dit, j’peux faire tout ce qu’est nécessaire. Je peux l’suivre sans qu’il nous voie ni qu’il connaisse qu’il s’est fait suivre.

— Grâce à votre bestiole ?

— Grâce à ma bestiole.

— Mais vous ignorez quels pouvoirs secrets peut posséder ce Noir. Comment savez-vous qu’il ne va pas attraper votre bestiole et la retenir prisonnière ? »

Calvin voulut d’abord se moquer d’une pareille idée mais devint soudain sérieux. « Dame, je serais fou de croire qu’il est pas dangereux par rapport qu’il s’est conduit comme un idiot devant l’contremaître.

— Vous apprenez à vous méfier ! Je suis fier de vous !

— Mais ma bestiole a pas b’soin d’entrer en lui ni rien de tout ça.

— Bien. » fit Honoré. Mais il voyait que Calvin était désormais soucieux.

Chacun des esclaves nouvellement arrivés avait quelque chose à donner au porteur d’eau. Les femmes étaient moins confiantes que les hommes. Elles ne dissimulaient pas leur objet dans la main ni dans le peu de vêtements qu’elles portaient – elles le crachaient de leur bouche dans la louche. « Certaines en ont deux, dit Calvin. Deux machins. » Dès qu’il récupérait un objet dans la louche, le porteur d’eau le transférait toujours dans le seau de droite. Qui devait bien se remplir.

Les derniers à débarquer étaient une douzaine d’enfants déjà grands, l’air beaucoup plus faible et terrifié que les adultes. Aucun n’avait d’objet pour le porteur d’eau.

« Les femmes qui en avaient deux, fit Honoré.

— Oui, dit Calvin. Pour les enfants. »

Alors qu’il leur donnait à boire, le porteur renversa maladroitement le seau de droite, répandant de l’eau sur les planches brûlantes du quai. Il puisa dans celui de gauche pour le reste des enfants. Une fois tout le monde servi, Calvin et Honoré comprirent pourquoi il avait fait tomber le seau important, car un des marins attrapa le récipient qui contenait encore de l’eau et le vida à la volée sur le dos du dernier jeune esclave. Les débardeurs blancs trouvèrent la chose d’une drôlerie irrésistible. Profitant de ce qu’ils riaient, le porteur d’eau s’agenouilla et vida tous les objets de l’autre seau pour les fourrer dans le petit panier qu’il portait.

Mais il n’était pas tiré d’affaire. Le contremaître l’arrêta au moment où il voulut partir du quai. « Qu’esse t’as là-dedans ? demanda-t-il en montrant le panier du doigt.

— Sais pas mon maître a mis, répondit le porteur d’eau.

— Moi, j’connais quèque chose qu’il a intérêt d’y avoir mis », répliqua le contremaître.

Les deux hommes s’observèrent un long moment dans un silence de mort, jusqu’à ce que le porteur d’eau finisse par sourire, rouler des yeux et plonger la main dans le panier. « Moi très bête, patron, moi très bête, complètement oublié. » Il sortit une pièce et la tendit au contremaître.

« Où est l’restant ? demanda le contremaître.

— C’est tout il donne, répondit le porteur d’eau.

— Allons, Danemark, fit le Blanc.

— Ah, murmura Honoré. Nous avons appris son nom.

— Vaut mieux qu’ça soit son nom, dit Calvin. C’est sûrement pas un Scandinave.

— Écoute, reprit le contremaître, j’vais y raconter que tu m’as donné un penny et j’verrai bien ce qu’il dit.

— Mais je donne un chelin, protesta Danemark.

— Tu t’figures qu’il va croire ça si j’y dis qu’non ?

— J’ai droit au fouet, mais vous pas davantage d’argent.

— Fous l’camp d’mon quai, ordonna le contremaître.

— Vous gentil, patron », dit Danemark qui s’inclina et hocha la tête tout en reculant. Puis il tourna le dos et ramassa ses seaux, mais, avant qu’il ait eu le temps de se relever, le contremaître lui flanqua un coup de pied au derrière qui l’envoya s’étaler sur le quai. Les débardeurs et les marins éclatèrent de rire. Les esclaves alignés pour l’inspection des douaniers, eux, ne rirent pas. Et quand Danemark se releva, sa figure non plus n’exprimait aucune hilarité. Mais Calvin et Honoré virent bien qu’il se composait un visage, se forçait à sourire bêtement avant de se retourner. « Toi drôle, patron, dit l’esclave. Tu fais toujours rire moi. »

Avec une prudence exagérée, Danemark ramassa les seaux sans présenter son dos au contremaître. Et il affecta de s’arrêter et de regarder par-dessus son épaule deux ou trois fois pour s’assurer que personne ne s’était glissé en douce derrière lui pour lui donner un autre coup de pied. Après son départ, ses pitreries faisaient encore rire le Blanc.

Durant toute la scène, les esclaves fraîchement arrivés ne l’avaient pas quitté des yeux.

« Il leur montre comment survivre ici, dit Honoré.

— Enerver un Blanc, vous voulez dire ? Malin, ça.

— Il n’est pas bête, fit le Français. Il est habile. Il montre aux autres qu’ils doivent jouer les idiots et faire rire les Blancs. Leur inspirer amusement et mépris pour leur éviter la peur et la colère.

— Sans doute, dit Calvin. P’t-être aussi qu’il se fait botter l’darrière de temps en temps.

— Non. Je vous l’ai dit, je suis expert en nature humaine. Il le fait exprès. Après tout, c’est lui qui récupère leurs âmes.

— J’ai cru vous entendre dire que c’étaient pas leurs âmes.

— J’ai changé d’avis. Regardez-les. Maintenant leur âme est partie. »

Ils observèrent les Noirs dans leurs cordes et leurs chaînes tandis que les douaniers les tâtaient, les déshabillaient, inspectaient leurs orifices naturels comme s’il s’agissait d’animaux. Ils supportaient facilement l’épreuve. Leurs mines apeurées au moment de la sortie à la lumière du jour avaient désormais disparu. Disparue aussi l’intensité de leur regard lorsqu’ils avaient suivi des yeux Danemark qui emportait leurs objets ou autres bricoles. Ils évoquaient vraiment des animaux à présent.

« Ils sont tout vides, c’est sûr, dit Calvin. Ils avaient une flamme de vie en débarquant une flamme bien forte, mais asteure ça brûle au ralenti, comme un feu dont il resterait pus qu’les charbons.

— Ils savaient, fit Honoré. Ils étaient prêts avant de descendre à terre. Comment étaient-ils au courant ?

— C’est p’t-être une des affaires que Margaret pourra nous expliquer plus tard.

— À condition qu’elle nous adresse encore la parole.

— Elle nous l’adressera. C’est une femme de cœur. Alors elle va commencer à se sentir coupable d’nous avoir laissés payer l’repas d’hier au soir.

— Ils savaient, répéta Honoré. Et ils étaient tous d’accord. Ils ont déposé leur âme dans ses mains.

— Ce que je veux connaître, moi, dit Calvin, c’est ousqu’il les garde et ce qu’il en fait.

— Alors il faut aller le demander à votre belle-sœur, puisque vous êtes sûr qu’elle va nous parler. »

Calvin lui lança un regard noir. « J’suis déjà après l’suivre. Il peut pas voir ma bestiole.

— Sauf s’il fait semblant de ne pas la voir, dit Honoré.

— J’fais ça depuis plus longtemps qu’vous. J’connais.

— Alors pourquoi vous tremblez ? »

Calvin pivota d’un bloc vers le Français et le repoussa contre les cageots. « Par rapport que j’ai d’la misère à m’empêcher d’arrêter vot’… cœur… de battre. »

Honoré parut surpris. « Avez-vous perdu votre sens de l’humour sous la haie ? »

Calvin se reprit, à peine calmé. « Vous êtes pas amusant du tout, dit-il.

— Mais si je m’exerce, je le deviendrai peut-être.

— C’est moi qui suis amusant », répliqua Calvin. Il recula, laissant à Honoré assez d’espace pour qu’il se tienne debout sans se plaquer contre les cageots. « Mais c’est p’t-être vous qu’avez perdu vot’ sens de l’humour dessous la haie ?

— Nous sommes tous les deux amusants, dit le Français. Nous allons suivre l’homme et son panier d’âmes. Il faut que je sache ce qu’il en fait.

— Il passe une porte.

— Où ça ?

— À Blacktown. Y a des tas d’rebuts qui pendent tout partout. Une seule autre flamme de vie dans la maison. » Il siffla. « Qu’est-ce que ça brille !

— Qu’est-ce qui brille ? » demanda Honoré.

Calvin ne répondit pas.

Honoré se rapprocha de lui. « Ce n’est pas juste de me le cacher. »

Calvin le regarda, l’air bête. « Cacher quoi ? »

 

*

 

Margaret, assise à son bureau, rédigeait sa lettre quotidienne à Alvin. Elle ne la postait jamais. Pourtant rien ne l’en empêchait, puisqu’elle savait toujours où il se trouvait et où il allait. Mais pourquoi l’obliger à chercher une poste dans toutes les villes où il passait ? Mieux valait attendre les dernières heures avant le coucher du soleil. Quelles que soient ses activités, il les interrompait et tournait ses pensées vers elle. Plus précisément il envoyait sa bestiole en observation. Il était incapable de lire dans ses pensées, mais il pouvait voir remuer ses bras, ses doigts ; trouver la plume et le papier. Elle trempait la plume dans l’encre uniquement pour avoir la possibilité de revenir plus tard sur ce qu’elle avait écrit. Elle savait qu’il lisait les mots qu’elle couchait sur le papier aussi clairement que s’il regardait par-dessus son épaule. Quand elle posait une question, à peine l’avait-elle formulée qu’elle trouvait déjà la réponse dans sa mémoire.

Le système était boiteux, elle le savait. Elle voyait les pensées intimes de son époux, jusqu’aux sentiments dont il était lui-même tout juste conscient. Elle voyait avant lui s’ouvrir l’éventail de ses décisions possibles, le voyait se refermer lorsqu’il fixait son choix. Alvin n’avait aucun secret pour elle. De son côté, elle pouvait dissimuler tout ce qui lui plaisait, sauf son état physique. Il pouvait la rassurer sur la bonne santé du bébé ; s’inquiéter parce qu’elle travaillait trop. Mais il n’avait pas accès à ses pensées. Elle trouvait la chose plutôt injuste.

Et pourtant Alvin ne s’en formalisait pas, vraiment pas du tout, n’avait même pas l’air de s’en apercevoir. Elle connaissait plusieurs raisons à son indifférence. D’abord, Alvin était un être franc, peu enclin à la dissimulation. Il était capable de garder des secrets, bien entendu, mais, dès qu’il faisait confiance à quelqu’un, il s’ouvrait totalement, ne laissait aucun détail dans l’ombre, qu’il soit ou non à son avantage. Ce qui passait parfois pour de la vantardise quand il dévoilait certaines de ses prouesses. Mais il ne s’agissait pas plus de vantardise que de confession. Il rendait tout bonnement compte de ce qu’il avait en mémoire. Il ne lui était donc pas pénible que Margaret voie aussi facilement dans sa flamme de vie.

Une autre raison à son absence de ressentiment, cependant, gênait la jeune femme : sa totale indifférence. Il se fichait qu’elle connaisse ses secrets, et tout autant de ne pas connaître les siens. Il aurait tout de même pu manifester davantage d’indiscrétion ! Fallait-il comprendre qu’il ne l’aimait pas ? Fallait-il y voir un égoïsme foncier ? Non, Alvin avait le cœur généreux. Il n’était tout bonnement pas curieux des menus détails de ses pensées. Il se contentait de ce qu’elle lui disait. Il lui faisait confiance. Voilà ce que c’était, de la confiance et non un manque d’amour.

La troisième raison, sans doute la plus importante, était aussi la moins satisfaisante. Alvin tenait tout ce qui concernait Margaret pour normal, pour partie intégrante de son environnement habituel. Il ne l’avait appris que beaucoup plus tard, mais elle avait veillé sur lui tout au long de son enfance et lui avait sauvé la vie à maintes reprises. Elle l’avait éduqué, déguisée en institutrice vieille fille. Le soleil l’avait chaque jour éclairé de sa lumière, tout comme ses attentions incessantes. Elle faisait partie de son décor. Avoir sa femme dans la tête lui était aussi naturel que respirer.

Il me remarque moins que le temps qu’il fait. Je me comparerais plutôt au climat. Non, au calendrier, même. Il y a des jours fériés, mais le reste de l’année il perd le fil des jours, sachant qu’ils s’écouleront un à un quel que soit le nom qu’il leur donne.

Il ne faut pas avoir de telles pensées. Écris.

Cher Alvin, tu me manques plus que jamais. Calvin est un garçon si désagréable, le contraire de toi, mais quand je l’entends, sa voix me rappelle la tienne.

Les lettres n’étaient cependant pas aussi joliment libellées. Dès qu’elle voyait qu’il avait compris le mot qu’elle écrivait, elle ne le terminait pas et passait aussitôt au suivant. La lettre commençait donc en réalité par : CA, tu me manq plus que jam. C est un garç si désag, le contr de t mais quand je l’ent sa voi me rapp la ti.

Difficile d’imaginer qu’un tiers trouve un sens à ces bribes de mots, griffonnés en caractères d’imprimerie enfantins plutôt que calligraphiés de la main élégante de Margaret, car il était plus facile pour Alvin de distinguer les majuscules de loin.

Elle poursuivit sa lettre : Je te trouve ridicule de rester dans cette prison une seule nuit. Sors-en, rassemble tes compagnons et rentre chez nous. Je ne me fais guère de souci pour mademoiselle Purity. Elle a quelques avenirs intéressants mais peu probables, et elle court aussi de grands dangers si tu restes et si tu la persuades de partir de Nouvelle-Angleterre.

Question d’Alvin : Alors on peut la persuader ?

Oui, mais…

Elle sera pendue si on ne l’emmène pas ?

Margaret savait qu’une réponse franche ne laisserait à Alvin d’autre choix que celui de rester.

La mort n’est pas ce qu’il y a de pire au monde, écrivit-elle. Nous mourrons tous, et sa pendaison pour sorcellerie a de bonnes chances d’amener l’abrogation de la peine capitale pour les cas de ce genre, et l’obligation de présenter davantage d’éléments pour les condamnations. Sa mort est bénéfique.

Elle vit dans l’esprit d’Alvin la réponse immédiate, mais elle la connaissait déjà sans même la regarder car elle lui ressemblait bien : Essayons de parvenir au même résultat sans laisser le bourreau lui passer la corde au cou.

En lui disant la vérité, elle l’avait décidé à rester moisir dans cette prison.

Elle écrivit : Ton procès et ton emprisonnement de l’an dernier ne t’ont pas suffi ?

Il l’ignora et formula une question dans sa tête : Calvin ? Qu’est-ce qu’il veut ?

Être toi, écrivit-elle. Ou, à défaut, détruire tout ce que tu as accompli. Il a séduit une dame de la haute société en lui inspirant un désir irrésistible. Tu peux le faire, toi ?

Sa réponse : N’y ai jamais songé. Tu veux que j’essaye ?

Non !!! Pas tant que tu n’es pas ici en chair et en os, tortionnaire.

C’est moi qu’on va torturer.

Ils vont seulement te faire courir. L’exercice va te plaire.

La conversation aurait pu se poursuivre encore un moment, mais on frappa d’un doigt pressant à la porte.

On frappe, écrivit-elle.

Elle chercha alors des flammes de vie de l’autre côté du battant et en trouva une. Poissarde.

— Entrez ?

— Deux hommes blancs en bas pour voir vous, ma’am. »

Des visiteurs, écrivit-elle.

Elle chercha des flammes de vie au rez-de-chaussée mais ne découvrit qu’un seul homme qui venait la voir.

Honoré de Balzac, écrivit-elle. Le compagnon de débauche de Calvin. Je dois descendre. Demain ?

Réponse d’Alvin : Demain. Toujours. Je t’aime.

Une boule dans la gorge, Margaret plia le papier et le rangea. Il restait encore sur la page de la place où écrire d’autres lettres à Alvin.

Au rez-de-chaussée, Balzac bondit de sa chaise. Il était aussi nerveux qu’une grenouille dans une poêle à frire.

« Monsieur de Balzac, salua Margaret.

— Vous devez m’aider avec Calvin, dit Balzac dans un anglais presque aussi parfait que d’habitude. Où est-il ?

— Je ne sais pas. Il n’est pas ici, si c’est ce que vous voulez dire.

— Mais il est ici, madame. Il est ici sans l’être. Regardez ! »

Lorsqu’elle suivit la direction de son doigt, elle eut la surprise de voir que son beau-frère était effectivement présent : assis sur un banc de planches de bois, il se balançait sur place d’un air idiot, les yeux hagards. Comment avait-elle fait pour ne pas remarquer qu’il se trouvait avec Balzac lorsqu’elle avait cherché les flammes de vie avant de descendre ?

Parce que sa flamme de vie manquait. Ou plutôt, elle n’était pas plus grosse que celle d’une souris, et on n’y voyait aucun avenir, seulement une conscience léthargique du présent. Comme si Calvin se regardait lui-même par le truchement d’une vision périphérique.

Comme s’il était un des esclaves.

Mais non. Les esclaves de Camelot avaient toujours leur flamme de vie. Une flamme faible où leurs vrais noms se perdaient, où leurs passions déclinaient et disparaissaient, où leurs avenirs se canalisaient dans quelques boyaux étroits. Calvin n’en avait assurément pas autant. Il gardait son nom mais guère plus. Quant à son avenir et son passé, ce n’était que brouillard épais. Des ombres et des miroitements apparaissaient, mais Margaret ne leur trouvait aucun sens. En particulier, elle ne vit rien ressemblant de près ou de loin à sa bestiole.

« Nous allons sortir mon cher beau-frère dans le jardin pour bavarder », dit-elle.

Balzac opina, manifestement soulagé qu’elle ait si vite compris la situation.

Le jardin baignait dans l’ombre épaisse et chaude que la maison jetait cet après-midi-là. Assurée que nul dans le voisinage ne risquait de les entendre, Margaret écouta Balzac débiter son histoire ; à mesure qu’il parlait, elle suivait les mêmes événements dans sa mémoire. La journée sur les quais ; le déchargement des esclaves, le porteur d’eau du nom de Danemark ; les petits bouts de choses et autres lâchés ou crachés dans la louche ; la bestiole de Calvin sur les traces de Danemark.

« Je l’ai prévenu, dit Balzac. Il n’a pas écouté.

— Il n’écoute jamais, fit Margaret.

— Jamais ? Je croyais que vous ne le connaissiez pas avant cette semaine ?

— J’ai la malchance de bien connaître tous ceux que je rencontre. Calvin n’est pas prudent. Vous non plus.

— Un caillou à côté de la lune, voilà ce qu’est mon imprudence comparée à la sienne.

— Quand vous mourrez du mal que vous appelez “anglais” et que les Anglais disent “français”, quand votre cervelle vous trahira, quand vous serez aveugle et que vous vous décomposerez, vous ne serez plus en mesure de vous rappeler que vous considériez votre imprudence comme une broutille.

— Mon Dieu, fit Balzac. Ai-je entendu le sort qui m’attend ?

— Une fin très probable de votre vie, répondit Margaret. Beaucoup de chemins y conduisent. Mais il existe aussi beaucoup d’autres chemins où vous vous montrez plus prudent sur le choix de vos fréquentations.

— Et la chance ?

— Je ne crois pas beaucoup à la chance. Ce n’est pas la chance qui a fait perdre son âme à notre ami Calvin.

— Comment a-t-il pu la perdre, s’il l’avait déjà donnée au diable ? » Balzac ne plaisantait qu’à moitié.

« Qu’est-ce que je connais des âmes ? fit Margaret. J’essaye de comprendre la nature de ce que les esclaves de cette ville ont abandonné. Ils ne réagissent pas ainsi en Appalachie, et je me demande si c’est parce qu’ils ont l’espoir de s’échapper. Alors qu’ici l’espoir est inexistant. Donc, pour rester en vie, ils doivent se soustraire à leur désespoir.

— Calvin n’était pas désespéré.

— Oh, je sais. Il n’a pas remis non plus à son ravisseur des morceaux de ficelle ou autres. Remarquez, cette pratique est peut-être la façon des Noirs de réaliser ce que Calvin parvient à faire tout seul, grâce à son talent naturel : se séparer d’une partie de soi-même.

— J’en suis persuadé. Mais quelle partie ? Et comment peut-il la récupérer ? »

Margaret soupira. « Monsieur Balzac, on dirait que vous me prenez pour meilleure que je ne suis en réalité. Parce que je ne sais toujours pas si j’ai envie d’aider Calvin à se retrouver. » Elle contempla le visage inexpressif de son beau-frère. Une mouche lui atterrit sur la joue, lui entra dans une narine et en ressortit aussitôt. Il ne fit aucun geste pour la chasser. « Les esclaves se comportent mieux que lui, dit Margaret. Pourtant il n’a pas l’air de souffrir.

— Je comprends, fit Balzac, que plus on connaît monsieur Calvin, plus on a envie de le laisser dans cet état docile. Mais vous oubliez deux ou trois petits détails.

— Comme ?

— Comme : je n’ai aucune parenté avec cet homme, je ne me sens pas responsable de lui. Vous, en revanche, vous êtes sa belle-sœur. Je peux donc, et je vais, sortir de ce jardin sans lui. Qu’allez-vous faire du corps ? Il continue de respirer – certains pourraient vous reprocher de l’enterrer, mais moi, je ne dirai jamais du mal de vous si vous optez pour cette solution.

— Monsieur Balzac, vous oubliez vous aussi deux ou trois petits détails.

— Comme ? l’imita le Français avec un sourire.

— Comme : vous ignorez ce que Calvin entend de notre conversation, même s’il n’a pas l’air d’écouter. Les esclaves entendent ce qu’on leur dit. De plus, où que vous alliez sur cette terre, Calvin pourrait vous débusquer et assouvir sa vengeance sur votre personne. »

Balzac perdit un peu de sa superbe. « Madame, vous m’avez pris en défaut. Jamais je ne laisserais mon cher ami dans un tel état. Mais en vous menaçant de vous rendre responsable de lui j’espérais vous persuader de m’aider à le sauver, parce que je ne sais pas où chercher son âme ni comment la délivrer si je la retrouve.

— Faire appel aux bons sentiments donne de meilleurs résultats avec moi que me menacer de désagréments.

— Parce que vous êtes une femme vertueuse.

— Parce que j’ai honte de paraître égoïste. On peut donner à toute vertu les couleurs du vice.

— Vraiment ? Je n’ai jamais eu besoin de le faire. Mais pour donner au vice les couleurs de la vertu, je suis expert. » Balzac fit un grand sourire à la jeune femme.

« Ridicule, répliqua Margaret. Vous nommez les vertus et les vices pour ce qu’ils sont. C’est votre talent.

— Moi ? J’ai un talent ?

— Quelles sont les dernières paroles de Calvin ? »

Balzac resta un instant immobile, les yeux fermés. « “À Blacktown. Du rebut qui pend partout”, il a dit. Oh, et juste avant il a signalé qu’il passait une porte. Alors c’est peut-être en intérieur. Oui, dans une maison, parce que je me souviens qu’il a dit : “Une seule autre flamme de vie dans la maison.” Puis ses dernières paroles ont été : “Qu’est-ce que ça brille !”

— Une lumière, fit Margaret. Une maison avec une seule autre flamme de vie. En plus de celle de ce Danemark. Et quelque chose qui brille. Ensuite il s’est fait prendre.

— Pouvez-vous trouver où c’est ? » demanda Balzac.

Margaret ne répondit pas. Mais elle regarda Calvin d’un air indécis. « Vous croyez qu’il est incontinent ?

— Pardon ? fit le Français.

— Je me demande où il vaudrait mieux l’emmener. À mon avis, il devrait rester avec vous.

— Pourquoi ne suis-je pas surpris ?

— S’il a du mal à uriner et déféquer, ce serait plus correct que vous l’aidiez, vous, je crois.

— J’admire votre prudence, dit Balzac. Je suppose que je dois aussi lui donner à manger et à boire. »

Margaret ouvrit la bourse enfoncée dans sa manche et tendit une guinée à Balzac. « Pendant que vous pourvoirez à ses besoins physiques, moi je retrouverai sa bestiole. »

Balzac lança la guinée en l’air et la rattrapa. « La retrouver, c’est une chose. Allez-vous la ramener ?

— Mon pouvoir ne va pas jusque-là, répondit Margaret. Je porte des sortilèges efficaces, mais je ne sais pas les fabriquer. Non, ce que je vais faire, c’est découvrir où se cache sa bestiole et qui la retient captive. Je sens que je vais retrouver les âmes des esclaves de Camelot par la même occasion. Je vais savoir comment ils s’y sont pris. Et, une fois armée de ces renseignements…»

Balzac grimaça. « Vous allez écrire un traité sur la question.

— Rien d’aussi vain, dit Margaret. Je mettrai Alvin au courant et je verrai ce qu’il peut faire.

— Alvin ! La vie de Calvin dépend du frère qu’il déteste plus que n’importe qui au monde ?

— La haine ne circule que dans un sens, j’en ai peur. Malgré mes avertissements, Alvin n’a pas l’air de comprendre que le compagnon de jeu de son enfance a été étouffé par l’homme qui occupe d’ordinaire l’enveloppe corporelle ici présente. Alvin persiste à aimer Calvin.

— Vous n’en êtes pas fatiguée ? D’être mariée à un tel dément ? »

Margaret sourit. « Alvin m’a fatiguée toute ma vie, fit-elle.

— Mais… Non, je vais le dire pour vous… “Mais cette fatigue est une joie, parce que je me suis fatiguée à son service.”

— Vous vous moquez de moi.

— Non, de moi. Je joue au pitre, au prétendu blasé qui trouve amusants les sentiments d’affection, alors qu’en réalité il échangerait tous ses rêves contre l’assurance qu’une femme d’une intelligence exceptionnelle éprouve de tels sentiments pour lui.

— Vous vous dépeignez comme un personnage de roman.

— Je vous ai mis mon âme à nu et vous m’accusez de mensonge.

— Pas de mensonge. De vérité qui dépasse la simple réalité. »

Balzac s’inclina. « Ah, madame, j’espère ne jamais devoir affronter des critiques au discernement aussi pénétrant que le vôtre.

— Vous êtes un homme profondément sentimental, dit Margaret. Vous faites semblant d’être dur, mais vous êtes un tendre. Vous faites semblant d’être distant, mais votre cœur fond à la moindre occasion. Vous faites semblant d’être prétentieux par autodérision, quand vous reconnaissez en vous le génie que vous feignez de faire semblant d’être.

— Je suis un génie ? demanda Balzac.

— Quoi ? Je ne vous ai pas assez flatté ?

— Mon anglais n’est pas encore parfait. Peut-on accoler les mots “flatterie” et “assez” ?

— Je ne vous ai pas flatté du tout. Sur chacun des chemins de votre avenir où vous commencez vraiment à écrire, il sort de votre plume un tel déferlement de vies et de passions que votre nom reste dans les mémoires pendant des siècles et sur tous les continents. »

Les yeux de Balzac s’emplirent de larmes. « Ah, mon Dieu, vous m’avez envoyé le signe d’un ange.

— Nous ne sommes pas sur le chemin d’Emmaüs, dit Margaret.

— C’est à celui de Damas que je songeais », répliqua Balzac.

Elle se mit à rire. « Personne ne pourrait vous rendre aveugle. Vous voyez avec le cœur aussi clairement que moi. »

Le Français se rapprocha de la jeune femme et chuchota. Ou, plutôt ses lèvres formèrent les mots, mais il ne les prononça pas, espérant qu’elle comprendrait quand même ce que son cœur avait à dire. « Ce que je ne vois pas, ce sont le passé et l’avenir. Serai-je délivré de Calvin ? Je le crains davantage que n’importe quel être vivant.

— Vous n’avez rien à craindre de lui, répondit Margaret. Il vous aime et recherche votre admiration plus que n’importe quelle autre au monde en dehors d’une seule.

— Celle de votre mari.

— Sa haine pour Alvin est si forte qu’il ne lui en reste plus vraiment pour vous. La perte de votre admiration, ce ne serait qu’une piqûre de moustique à côté de la perte du respect qu’il espère d’Alvin.

— Et cette perte de respect, qu’est-elle à côté de ma piqûre de moustique ? Une piqûre d’abeille ? Une morsure de serpent ? Une amputation ? »

Margaret secoua la tête. « À présent, vous cherchez vraiment la flatterie. Ramenez-le chez lui, monsieur Balzac. Moi, je vais essayer de trouver sa flamme de vie quelque part dans une maison de Blacktown. »

Flammes de vie
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